J'ai trouvé cette article dans le Journal le Mir Vraimant très divertissant et informatif.
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Clinton : beau salaud ou ignoble individu ?
par Normand Lester
En commençant à écrire ma chronique au moment même où Bill Clinton prenait la parole à Montréal, je me suis posé la question suivante : Devrais-je le qualifier de beau salaud ou d’ignoble individu ? Je ne suis pas parvenu à résoudre mon dilemme. Quoi qu’il en soit, les personnages de son acabit semblent fasciner le monde. Il demande 150 000 dollars pour s’exhiber en public.
Avant Montréal, Ottawa lui avait réservé un accueil digne d'une vedette rock. C’est la troisième fois que Clinton vient ânonner au Québec un discours convenu devant un auditoire de gogos admiratifs. Ça me désole qu’il y ait près de 500 personnes assez niaises pour payer jusqu'à 1000 $ pour entendre ce baptiste à la braguette qui s’abaisse facilement parler de réussite et de motivation. L’homme a quitté la présidence des États-Unis dans le déshonneur. Comment expliquer qu’on accorde une quelconque crédibilité à ce cajoleur immoral, sans scrupule et sans principe ? La médiocrité de son successeur George W. Bush, le président le plus incompétent et le plus ignare de l’histoire américaine, y est sans doute pour quelque chose.
À comparer aux crimes de Bush, l’affaire Lewinsky est une peccadille, me direz-vous. Considérez-vous comme allant de soi qu’un homme en autorité se fasse tailler des pipes par une subalterne névrosée ? Peut-être approuvez-vous aussi le fait qu’il se soit parjuré pour tenter d’éviter le scandale. Rappelez-vous, il niait avec une assurance hautaine toute relation sexuelle avec Lewinsky jusqu’à ce qu’une goutte de sperme présidentiel sur sa robe apporte la preuve indubitable de son mensonge. Clinton a été rayé du barreau pour ce faux témoignage. Il traînait déjà un lourd passé d’agresseur sexuel. Lorsqu’il a quitté la présidence, Clinton s’était endetté de millions de dollars en frais judiciaires à se défendre contre des accusations d’inconduites sexuelles. Dans un règlement hors cours il a payé 850 000 $ à Paula Jones, une fonctionnaire de d’Arkansas pour avoir exigé d’elle une fellation alors qu’il était gouverneur de l’État. Il dut également payer 91 000 $ d’amendes pour outrage au tribunal dans cette affaire pour avoir répondu « de façon évasive et trompeuse » aux questions du juge.
Les auditeurs – et les nombreuses auditrices qui boivent ses paroles aujourd’hui –contribuent à renflouer ses goussets vidés à se défendre contre des accusations d’inconduite sexuelle ou à acheter le silence de ses victimes. Il faut dire que le beau Bill a toujours la cote avec les femmes. Bélinda Stonach, ex-candidate à la chefferie conservatrice et future candidate à la chefferie libérale, a été vue dînant en tête-à-tête avec lui à New York il y a quelques années. Ça doit être le même type d’étrange attrait démoniaque qui en pousse certaines à proposer le mariage à des tueurs en série emprisonnés.
Mais la pire inconduite morale de Clinton n’est pas de nature sexuelle. Il est directement responsable de la mort de milliers de personnes en ayant sciemment ignoré le génocide qui se déroulait au Rwanda en 1994. Dans le but d’éviter de devoir intervenir militairement pour sauver les Tutsis, Clinton a donné instruction à sa secrétaire d’État, Madeleine Albright, de ne pas utiliser le mot génocide au Conseil de sécurité de l’ONU pour qualifier les massacres au Rwanda. Si la situation avait été qualifiée de génocide une loi adoptée par le Congrès aurait obligé les États-Unis à intervenir. Clinton s’y refusait absolument. Ce n’était, après tout, que des Africains qui s’entretuaient. Et une vie africaine, on le sait, vaut beaucoup moins qu’une vie américaine. Cet épisode fait comprendre toute l‘hypocrisie, la lâcheté et la perfidie du personnage.
Sa faiblesse de caractère et son immoralité marqueront sa présidence jusqu’à la fin. Dans ses toutes dernières heures à la Maison-Blanche, il a accordé un pardon présidentiel à un milliardaire traficoteur nommé Marc Rich recherché par le FBI pour évasion fiscale et complicité avec l’Iran dans des magouilles liées au pétrole. Rich, réfugié en Suisse depuis 1983, qui possède la double nationalité américaine et israélienne, assurait ses arrières en graissant des politiciens en Israël et en finançant le Parti démocrate américain. Sa femme, Denyse Rich, venait de faire un don substantiel pour la construction de la future bibliothèque présidentielle Bill Clinton. C’était la première fois dans l’histoire américaine qu’un fugitif – un criminel en cavale – obtenait un pardon présidentiel avant même d’avoir été arrêté et traduit devant les tribunaux.
Voilà la mesure de l’homme qui se pavane ces jours-ci sur nos tribunes sous les acclamations de la foule.
A+